Faces from my past return
I should've known I'd leave alone Au commencement — 2 Novembre 1892, un cri fend l'air, brisant la douce et presque rassurante cacophonie de l'équipe médicale aux gestes bien huilés. L'enfant gigote, se débat entre les mains d'une femme qu'il ne connait pas. Déjà, on le sent caractériel et plein d'une énergie qu'il n'attend qu'à déployer autour de lui. Sa mère le regarde tendrement, son père rit, les larmes aux yeux et le verbe affable ; il dit que cet enfant, que sa fille rendra la vie de famille plus mouvementée et la vie de son grand-frère infernale. Il le sait, comme s'il pouvait voir l'avenir : Delilah va foutre un beau bordel autour d'elle. Delilah, c'est ainsi que se prénommera cet enfant, même si officiellement, c'est son prénom islandais qui doit prévaloir. Delilah de Vries n'a pas encore vécu une heure sur cette terre, que c'est déjà un imbroglio anticonformiste. En Islande, on l’appellera Judith, par que la loi est ainsi faite, Delilah, c'est ainsi que sa famille l'appellera, et de Vries, parce que son père, bien qu'Irlandais, descend d'une famille néerlandaise.
Dans une Islande froide et à la nature aussi violente et indomptable qu'elle n'est magnifique et généreuse, Delilah va grandir et, comme son père l'avait prédit, fera tourner son beau monde en bourrique.
a kind of magic — L'enfant n'a pas
cinq ans lorsqu'elle démontrera les premiers signes d'une capacité magique. Ses parents n'y auront d'abord vu que du feu, jugeant les humeurs de leur fille changeantes, en plus de la savoir particulièrement rêveuse et imaginative. C'est pourtant devant les silences sans fin de l'enfant, en plus d'une obsession de cacher ses mains que la mère de famille ira voir un guérisseur. Le constat tombe alors : Delilah n'est pas malade, et a hérité d'une capacité :
Videre Temporis, et elle voit juste des choses peut-être trop lourdes pour un enfant de son âge. Dès lors, elle portera des gants, pour ne plus avoir le cerveau bombardé d'images qu'elle ne souhaite pas voir. Ce don, elle ne commencera à l'apprécier que bien des années plus tard, alors qu'elle sera déjà entrée dans sa 2ème année d'étude à Poudlard. Là, elle apprendra à faire confiance à ses mains, à les laisser plus libres et à, peut-être aussi, se rendre intéressante auprès de ses paires.
Hogwarts School of Witchcraft and Wizardry — Au début de sa
3ème année à l'école de sorcellerie, Delilah décidera de se tourner vers l'
Occlumancie. Les secrets qu'elle doit garder ne sont peut-être pas les siens, mais elle a dans la tête les images d'autres vies qu'elle a elle-même l'impression de violer. Aussi, elle fera le serment d'être discrète vis-à-vis de ce que son don lui montrera et fera son possible pour garder sous silence et bien à l'abri dans sa caboche tout ce que ses mains lui apprendront. L'année suivante, Delilah décidera également de s'entrainer à la
Legilimancie ; il peut-être utile, d'après elle, d'en apprendre plus, toujours plus, sur les gens autour d'elle...
C'est au court de
sa 6ème année à Poudlard qu'elle papillonne, et qu'elle se découvre. C'est en plein cœur de la bibliothèque — parce qu'elle y prend souvent place, en bon petit rat de bibliothèque — que ses mains viennent au contact d'une vieille lampe qui ne sert pas à grand chose et qui n'éclaire franchement rien. Cette lampe, sûrement oubliée de tous et parfaitement discrète, dans son coin, Delilah la regardait souvent, intriguée. N'y tenant plus, un jour, elle s'en approchera et l’effleurera du bouts de ses doigts. Ainsi, elle découvrira que ce qu'elle ressent, d'autres l'ont ressenti avant elle. Parce qu'elle n'aime pas les hommes, et qui est-on, qu'aime-t-on, si une femme n'aime pas les hommes ? Delilah décidera alors que si la masculinité ne l'attire pas, les femmes, elles, ont toute son attention, et plus encore, son affection. Cette lampe, elle la prendra — l'empruntera de manière définitive, dirons-nous — et la laissera dans sa chambre, jusqu'à ce qu'elle quitte l'école. Elle la suivra ensuite dans la suite de sa vie, jusqu'à ce qu'elle n'en soit violemment séparée, bien des années plus tard.
Après Poudlard, Delilah partira d'abord en
Irlande, y entamant des études en Botanique avant de se rediriger vers une carrière de Médicomage. Finalement, elle se rendra compte que sa capacité à voir le passé, au travers des objets de ses patients, peuvent lui donner un avantage certain pour devenir
Psychomage. Ainsi, elle changera une dernière fois de voie, terminant son cursus avec brio.
heartbroken — Retournant dans son Islande natale, Delilah retrouvera sa famille. Ses parents vieillissant et son frère bien heureux et installé avec femme et enfants attendront d'elle qu'elle se pose enfin et qu'elle ne soit pas si prise par son travail, pour elle aussi s'installer et construire sa famille. À peine est-elle arrivée en Islande qu'elle fait la rencontre d'une femme, intrigante et terriblement attirante. Elles passeront des mois merveilleux, partageant tout, ou presque ; l'étrangère semble ne pas vouloir parler de son passé, de ses origines et Delilah ne cherche pas à la forcer à se confier. Elle la respecte tant qu'elle ne cherchera pas à laisser ses mains trainer sur ses affaires. Delilah pense être amoureuse de cette Siuan, de cette femme venue d'ailleurs, et c'est quand elle en a enfin la certitude qu'elle disparaitra, sans un mot, sans rien laisser derrière elle. Delialh aura le cœur brisé, tant et si bien qu'aucune autre femme ne trouvera grâce à ses yeux. Elle se plongera tête baissée dans son travail. Ses parents maintenant décédés n'auront jamais pu choyer les enfants que Delilah leur aura toujours refusés.
the incident — C'est un jour comme les autres, une matinée comme les autres et pourtant, Delilah ne verra jamais la fin de cette satanée réunion à laquelle elle participait. Elle ne se souvient pas de grand chose, juste d'une explosion, d'un nuage opaque de fumée, de cet air qui manque terriblement et de ses poumons qui se figent et qui la brûlent de l'intérieur. Elle se sent mourir, sent son corps se crisper et ses yeux s'embuer de larmes. Elle vient à peine de fêter ses 38 ans, et elle sait qu'elle ne fêtera pas son anniversaire suivant... Elle entend les bruits, autour d'elle, sent les corps s'effondrer sous la douleur et se tordre sous la panique. Elle, elle essaye encore désespérément de respirer, mais elle ne perd pas le nord : elle n'a pas besoin de prononcer les mots pour pénétrer dans la psyché de ceux autour d'elle. C'est confus, c'est vague, c'est un cauchemar et c'est incompréhensible, mais elle ne retient que deux choses : les gens qui sont à l'origine de l'explosions sont là pour deux choses : tuer tout le monde, et faire passer un message. Elle ne prend pas la peine de creuser, elle rassemble ses dernières forces pour ramper vers la sortie qu'elle sait se trouver tout près, derrière elle. Elle rampe misérablement, et ses poumons hurlent encore, cherchant en vain l'oxygène qu'ils devraient recevoir. Atteignant enfin la sortie, elle s'extirpe, alors que ses forces l'abandonnent. Derrière elle, elle peut distinguer des pas se rapprocher ; peut-être l'a-t-on entendu pousser la porte pour s’échapper. Les bottes frappant le sol sont juste là, juste derrière et elle sent déjà la présence du sorcier, prêt à l’exécuter. Elle pense alors à son frère, à ses nièces et à son neveux qu'elle ne reverra plus jamais. Elle ne leur a pas assez dit, à ses bougres, qu'elle les aime... Quelle idiote. Elle ferme alors les yeux, et elle pense ne plus jamais les rouvrir : elle sent l'ombre derrière elle la tirer vers elle. C'est la fin, elle le sait...
Et puis, il y a la lumière, aveuglante, terrifiante. Et cet air qui revient lui inonder les poumons. Ils brûlent à nouveau, mais cette brûlure est la bienvenue, parce qu'elle respire enfin, et qu'elle a beau ne pas savoir ce qu'il s'est passé, elle sait qu'elle n'est plus dans cette pièce, à attendre que la mort ne vienne l'embrasser. À la place de la mort, il y a cette ombre, cet homme qu'elle pensait être là pour la tuer. Il lui dit des mots rassurants, il la tient encore contre elle et elle n'a jamais été aussi heureuse d'être entre les bras d'un homme que ce jour là.
avalon — Après le soulagement vient l'incompréhension. Après l'incompréhension vient le dépit et après ce dépit vient Siuan... Celle-là même qui aura brisé le cœur de l’islandaise. Il faudra de longs moins pour que Delilah s'acclimate à sa nouvelle vie, à cette île, à ces gens qu'elle ne connait pas mais qui l'accueillent à bras ouverts. Le manque de sa famille ne viendra que bien plus tard, quand la réalité s'installera dans sa tête, après que le déni n'y ait plus sa place. Sa vie d'avant, elle ne la retrouvera jamais. Alors, elle va de l'avant, reconstruit sa vie, s'installe, ouvre un cabinet, elle pardonne et aime à nouveau. Parce que c'est ça Avalon, c'est une nouvelle chance, c'est une seconde vie.